En Grèce, Hollande fait la leçon à Macron

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© AFP/Angelos Tzortzinis Athènes (Grèce), vendredi 16 novembre. François Hollande, ici avec le Premier ministre Alexis Tsipras, a débuté son tour d’Europe par deux jours en Grèce.

L’ancien président socialiste a commencé sa tournée européenne par Athènes et la poursuivra en Allemagne. Dans le sillage de son successeur à l’Elysée, à qui il n’hésite jamais de faire la leçon.

Motards tous gyrophares allumés, cortège de berlines, officiels sur leur trente-et-un… Ceci n’est pas une illusion d’optique : c’est bien François Hollande qui est accueilli en grande pompe à Athènes, pour une intrigante visite. Jeudi, l’ex-chef de l’Etat a entamé dans la capitale grecque une « tournée » sur le Vieux Continent pour parler d’Europe, « première puissance économique du monde », « celle qui réussit », comme il le répète.

Le 22 novembre, il devrait être aux côtés de la chancelière Merkel, à Berlin, quatre jours après le passage de son successeur. A quel titre ? Difficile à dire. « Un ancien président n’a pas de statut. Pour la statue, ça viendra après », ironise-t-il, jamais avare d’un trait d’esprit. Il vient « transmettre », assure-t-il, « partager son expérience » et distiller quelques-unes des leçons dont il a le secret.

Leçons vénéneuses pour le pouvoir en place. La colère des gilets jaunes qui se mobilisent ce samedi ? A quelque 2000 km de Paris, François Hollande ne veut pas parler de ce qui se passe à l’ouest de la Méditerranée. Il se laisse tout de même tenter… « Il y a des mécontentements. Il faut les entendre et trouver des réponses », professe-t-il. Il poursuit, à fleurets mouchetés, contre son ex-collaborateur, devenu son successeur : « Pour anticiper la colère, l’entendre, il y avait les corps intermédiaires. Une des responsabilités du pouvoir actuel est de les avoir mis de côté… »




Piques et clins d’œil

Symbole contre symbole, l’ancien locataire de l’Elysée a choisi la terrasse de l’institut français d’Athènes. En toile de fond derrière lui, le Parthénon, au sommet de l’Acropole, la colline des dieux de la mythologie. C’est là que se trouve la Pnyx, berceau de la démocratie. C’est là que Macron avait choisi de discourir sur l’Europe lors de sa visite d’Etat, en septembre 2017.

Quatorze mois plus tard, Hollande a l’air de lui répondre : « Les syndicats, les élus locaux, les partis politiques sont les voix du dialogue. Dans l’Antiquité, il y avait ce souci de la participation. C’est cette démocratie-là qu’il faut réinventer quand elle est en péril. »

Que de piques et de clins d’œil entre son déplacement et celui de Macron, l’an dernier… Certes, il n’y a pas eu de cérémonie protocolaire, de roulements de tambour et de gardes à pompon. Pour le reste, le jeu de miroirs est troublant, avec les mêmes rendez-vous. Visite à la fondation Niarchos, présentation de la bibliothèque de l’école française d’Athènes, rencontre avec des chefs d’entreprise, dîner avec le président Pavlopoulos, entretien au palais Maximos avec le Premier ministre, Alexis Tsipras…




 

Au cœur de leur discussion, les européennes du 29 mai prochain et l’état de la gauche au sein de l’UE. Mais l’ex-président ne met pas franchement les mains dans le cambouis. Quelle stratégie doit adopter le parti socialiste à l’agonie ? « Il ne vous a pas échappé que je ne suis pas responsable du PS, esquive-t-il. Si on se regroupe, il faut une clarification de la gauche. »

Quant à l’éventualité d’une candidature de son ex-compagne Ségolène Royal ? « Elle a toutes les capacités pour travailler pour l’Europe et son pays. » Et lui, compte-t-il jouer à nouveau les premiers rôles ? Aucune arrière-pensée électorale, jure-t-il… sans toutefois se départir du double sens dont il est coutumier. « A bientôt pour mon retour, lâche-t-il en partant, allusion aux intentions politiques qu’on lui prête. Il y a des gens qui m’attendent !



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